
Rencontre avec un médium
Réseaux sociaux, annonces en ligne, forums… Tous ces moyens de communication sont devenus l’eldorado de l’art divinatoire. Entre escroqueries et réalités, la crise sanitaire de la COVID-19 n’a fait que déconstruire peu à peu la vision matérialiste de la société, se tournant vers le mystique, l’imperceptible. Comme un retour vers soi, nombreux sont ceux qui ont eu recours à un médium pour les aider à avancer, trouver des réponses. Mais qu’est-ce qu’un médium ? En France, ils sont plus de 100 000 à exercer en tant que tel. Nous avons rencontré Éric, voici son portrait.
Un homme humble
Le temps est moite et gris dans les Ardennes cet après-midi là. Dans un bar au style pub des années 80, nous retrouvons Éric. Autour d’une grande table en bois, il nous fixe, un par un. Ses yeux sont brillants, perçants, presque déstabilisants. C’est comme si nous savions qu’il est en train de lire en nous. Nous ressentons beaucoup de complexité dans ce regard, mais pourtant, il est là, souriant, buvant son café : un homme simple. “C’est mon côté discret… Comme le look, ça s’entretient !” se marre-t-il. Dans l’imaginaire collectif, le médium est différent, presque mystique. On imagine quelqu’un de très accessoirisé, accompagné de cartes, de totems ou autre. Mais il n’en est rien.
Eric ressent et voit ce que le commun des mortels ne peut voir. Depuis son enfance, il a ce qu’il appelle désormais « un don ». Très vite, il comprend que les soldats allemands au regard menaçant ne sont visibles que pour lui, et « ils (lui) faisaient très peur ». Comme un fardeau à porter, voir l’imperceptible implique que personne ne nous croit, et on se sent seul. Eric a donc refermé « la boîte de pandore » pendant des années. Cependant, un tel don ne peut être refoulé bien longtemps, et le « canal s’est réouvert » lorsqu’il était âgé de 20 ans. Un canal, c’est la porte d’entrée à cette énergie invisible et ces sens mystiques. Lorsqu’il s’ouvre, les sens changent, la sensibilité augmente, la mission est alors d’accueillir ces nouvelles sensations, mais surtout de les travailler. Comme un hasard n’arrive jamais seul, Eric découvre rapidement qu’il a également le pouvoir de guérir. Il a comme il dit « le packaging » du médium complet. Si certains ne font qu’entendre, d’autres ne font que voir, et d’autres ne font que guérir : Éric a tout. Ses rencontres, ses échanges, ses visions, ses ressentis ont constitué le cœur de sa « quête de recherche spirituelle. ».
Sa mission devient alors celle « d’aider », mais n’en fait pas son métier. Éric est chef cuisinier depuis des années, et a décidé de ne jamais faire payer qui que ce soit pour son aide. Néanmoins, il entretient son don, de manière « humble ». Il étudie des livres, rencontre des médiums, des voyant.e.s, entraîne son magnétisme et renforce ses sensations. Peu à peu, il devient « conscient et confiant ».
« J'ai rencontré les belles personnes qui m'ont guidée, qui m'ont expliqué, qui m'ont dit ce qu'il fallait faire, pas faire, comment agir. Et là, j'ai vraiment commencé à avoir des ressentis profonds. Donc à nouveau, ça s'est ouvert comme quand j'étais enfant. »
Un quête personnelle
Depuis maintenant plus de 30 ans, Éric aide les autres, transmet les messages des proches décédés de ceux dont il croise la route. Il met en garde, informe. Des fois, ce sont des plaquettes de freins usées qu’il faut changer, d’autres fois, des choses bien plus graves. Mais Éric a une philosophie de son propre don. Pour lui, un médium “humble” est un médium qui met des filtres. C'est-à-dire que bien que de nombreux messages lui parviennent, il ne dit pas tout. Il ne souhaite pas diriger la vie des gens, mais plutôt de les guider vers la bonne voie par eux-mêmes. C’est ce qu’il est. Un guide. Toujours attentif au vécu du lieu qu’il pénètre, Éric aide souvent Thomas (notre chasseur de fantômes) à identifier ce qui habite certains bâtiments abandonnés, ou pas. Il le protège “humblement” par des bulles de protection, ce qui diminue, certes, les résultats de Thomas, mais qui l’empêche de tomber sur du bas astral, c'est-à-dire des choses dangereuses, et très mauvaises.
“Il faut bien faire attention à ne pas mélanger les ressentis du vécu du lieu où l’on se trouve, et les messages envoyés par les âmes.".
Éric est l’un des rares médiums à avoir ce fameux “packaging” et il s’est souvent demandé “pourquoi moi” ? La réponse, il ne l’a jamais trouvée. Mais il l’a accepté comme tel. Ses enfants ont tous hérité de son don. Certains l’ont ignoré, d’autres l’ont cultivé.
Un jour, l’une de ses amies médium “au-dessus” de lui lui a affirmé : “tu vas vivre un exorcisme”. Éric n’y croyait pas, lui qui veut à tout prix éviter la confrontation avec de trop bas “taux vibratoire”, signe de danger, refusait d’y croire. Mais la vie (et son don) en ont décidé autrement, et en effet, Éric a exorcisé quelqu’un.
Il s’agissait d’un ami de Thomas qui participait lui aussi aux chasses aux fantômes. Mais d’une manière différente que celle qu’Éric préconise. En effet, celui que l’on appellera Y tentait de provoquer des réactions, notamment à l’aide de Ouija.
La construction sociale que nous avons de l’exorcisme notamment à cause des films est erronée. Ce jour-là, Thomas, Éric, Y et d’autres se sont retrouvés pour une séance de groupe. Y refusait de regarder Éric dans les yeux, et semblait déstabilisé, au point de ne pas vouloir serrer la main au médium. Le jeune homme est rapidement devenu très pâle, ses yeux se sont retournés, et il s’est mis à convulser. Thomas était effrayé. Éric a alors simplement posé sa main sur lui. Sans rien dire. Quelques minutes plus tard, Y revenait à lui, et se mettait à pleurer, tout comme les autres personnes du groupe. En écoutant Thomas parler de cette scène, Éric est muet.
Depuis ce jour, Éric accepte les choses comme elles se présentent à son don. Pour lui, ce n’est “qu’amour” parce que c’est “beau”. Les mauvaises choses, il les range dans des cases de son cerveau qu’il ferme à double tour. Il s’occupe de personnes en radiothérapie, apporte des réponses à ceux qui en ont besoin, et tout ça, de manière “humble” (il insiste sur ce mot.). On le sent très touché, comme si à chaque fois qu’il racontait son histoire, il la revivait à nouveau.
Des fantômes de militaires menaçants aux messages d’amour et en passant par la guérison ainsi que la protection, Éric chérie son don de la manière la plus pure possible, et sans rien attendre en retour. C’est ça pour lui, être un médium.
1. Il s'agit du plan astral le plus bas où se situent les vibrations basses, l'atmosphère y est lourde et sombre. Y habitent les énergies négatives et les créatures maléfiques.
2. Le taux vibratoire est une mesure pour déterminer l'intensité d'une vibration ou d'une fréquence d'énergie. Cette fréquence d'énergie est présente autant dans le corps d'un individu, dans ses mots, dans ses pensées, mais aussi chez une plante, une pierre ou encore un animal.
3. Un Ouija est une table sur laquelle sont inscrites les lettres de A à Z, les chiffres de 0 à 9, ainsi que les mots “Bonjour” et “Au revoir”. Chaque participant pose un doigt sur une goutte indiquant les réponses. Le concept est d’invoquer les esprits présents pour qu’ils communiquent à travers la table de Ouija en faisant bouger la goutte.